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Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres

French speaking Libre Software Users' Association

Promouvoir les logiciels libres ainsi que l'utilisation de standards ouverts.

Entretiens avec des entrepreneurs du monde du logiciel libre

Qui peut mieux parler des modèles économiques des logiciels libres que ceux qui en vivent ? Nous avons donc demandé à des acteurs du monde du logiciel libre de répondre à quelques-unes de nos questions :

AFUL — Pouvez vous présenter vos activités et votre structure en quelques mots ?

Photo Sophe Gautier Logo OpenOffice.org

Sophie Gautier : OpenOffice — Je suis responsable du projet francophone OpenOffice.org, et membre du comité de pilotage. OpenOffice.org est le projet de développement et de diffusion du produit éponyme. Ce projet est divisé en trois catégories de sous-projets : les projets de core development, les projets en langue native (ex le projet francophone) et les projets de recherche (incubateurs), tous ayant la même structure à savoir un chef de projet et des membres développeurs ou contributeurs.

Photo Tristan Nitot Logo Mozilla Fundation

Tristan Nitot : Mozilla Europe — Mozilla offre deux produits, le navigateur Firefox et le client de messagerie Thunderbird, deux logiciels libres et gratuits, disponibles sur Mac OS X, Linux et Windows (de 98 à Vista).

Photo Daniel Glazman Logo Disruptive Innovations

Daniel Glazman : Disruptive Innovations — Disruptive Innovations est une SARL française depuis octobre 2003. Nous sommes des vrais informaticiens fous, pondeurs de code. Spécialisés dans les technologies du monde Mozilla, la standardisation du Web et la R&D.

Photo Stefane Fermigier Logo Nuxeo

Stefane Fermigier : Nuxeo — Nuxeo est une société que j'ai fondée en 2000, avec comme ambition de développer des applications d'entreprise à partir de technologies libres (d'abord Zope/Python, à présent les technologies Java EE open source). Notre modèle a progressivement évolué de société de service vers éditeur de logiciels (libres).

Aujourd'hui, Nuxeo est une équipe de 35 personnes, dont 20 dédiées à la R&D, une Jeune Entreprise Innovante primée à de nombreuses reprises (Trophées Entreprises et Société de l'Information en 2004 et 2005, Red Herring 100 Europe en 2007, nomination aux JAX Innovation Awards en 2007), et surtout le leader de son secteur, l'ECM open source.

De petite boite française, nous sommes également devenus un groupe international, présent dans 4 pays, avec des clients et des partenaires sur les 5 continents.

Notre force est de combiner des approches innovantes, en termes de technologies utilisées, de processus de développement et de fonctionnalités, avec une vraie connaissance du métier de nos clients dans notre domaine d'expertise. Une autre est d'avoir conscience de nos limites, et de ne jamais hésiter à conclure des partenariats avec les sociétés ou les acteurs dont les compétences complètent les nôtres.

AFUL — Pourquoi avoir choisi le modèle de logiciel libre plutôt que celui de logiciel propriétaire ?

Sophie Gautier : OpenOffice — Pour son mode d'expression et d'organisation. La mutualisation du savoir est au coeur de son expression et chacun peut participer sans contrainte tout en étant responsable de ses contributions.

Tristan Nitot : Mozilla Europe — La mission du projet Mozilla, c'est de promouvoir le choix et l'innovation sur Internet. Face à Mozilla, il y a un seul navigateur monopolistique : Internet Explorer de Microsoft. Ce dernier est gratuit (quand on a payé Windows) et est resté sans améliorations significatives pendant plus de 5 ans, ce qui est très long, à l'échelle du Web. Parce que nous estimons que le Web est un *bien public* d'une grande valeur, valeur dont l'importance est croissante.

Daniel Glazman : Disruptive Innovations — Pour pas mal de raisons. La première c'est qu'il est satisfaisant et simple. Pas besoin de dépenser à protéger ses sources, pas besoin non plus de dépenser une fortune en marketing car si votre soft est bien, la communauté se chargera de le faire connaître.
Ensuite c'est une autre manière de voir le logiciel. Je pense que le logiciel de base peut être gratuit et chacune des extensions "pro" à cette brique de base peut être payante, dans un modèle viable. Ce que nous tentons de faire avec Nvu/Composer.

Stefane Fermigier : Nuxeo — Pour moi en 2000, c'était une évidence : le logiciel libre était un vaste espace à conquérir, notamment dans le domaine des applications d'entreprise où tout restait à faire.

La suite m'a donné raison : le nombre d'acteurs professionnels dans l'écosystème open source s'est multiplié, conquérant progressivement tous les domaines de l'informatique d'entreprise et les offres ont progressivement mûri et gagné la crédibilité nécessaire pour s'imposer dans les grands comptes face aux offres d'acteurs établis.

Plus fondamentalement, le logiciel libre représente également depuis les années 2000 un changement fondamental dans les mentalités, à tel point que la plupart des éditeurs traditionnels (propriétaires) ont été obligés d'adopter un certain nombre de pratiques nées dans les communautés open source, et dans certains cas, de changer leur modèle et de passer au logiciel libre.

Une autre raison de démarrer avec le logiciel libre, c'est de profiter de l'utilisation (gratuite) d'outils de développement et de logiciels d'infrastructure système libres, mais aussi et surtout, des deux formidables effets de leviers que représentent l'utilisation de composants logiciels libres, issus de différentes communautés, à partir desquels bâtir nos propres logiciels (dans notre cas, nous utilisons principalement les contributions à l'écosystème Java open source de la Fondation Apache, de la Fondation Eclipse, de JBoss et de Sun Microsystem), et les communautés en elles-mêmes, car participer à une communauté ou, encore mieux, créer une communauté sont les meilleurs moyens de se faire connaître rapidement, avec des budgets marketing modestes voire inexistants et de profiter de points de vue et expertises différents de ceux dont on dispose soi-même.

AFUL — Pouvez-vous nous expliquer le ou les modèles économiques que vous avez choisi(s) et pourquoi ?

Sophie Gautier : OpenOffice — Notre modèle économique principal est le mécénat.
Notre mécène principal est Sun avec qui nous avons signé un Joint Copyright Assigment qui est un partage du copyright ce qui permet à Sun d'intégrer le développement dans StarOffice. Nous avons d'ailleurs, depuis la version 2.0 et l'abandon de la SISSL, un tronc commun de développement pour les deux versions.
Sun nous offre également des serveurs et de la bande passante, mais ils ne sont pas les seuls, d'autres partenaires nous offrent des miroirs. Proxad par exemple nous offre 200 Go d'espace plus la bande correspondante.
Il arrive également que des entreprises payent du temps de développement pour améliorer OpenOffice. Par exemple le ministère des Finances a commandé un correcteur syntaxique à Linagora qui sera reversé lorsqu'il sera terminé. Les bugs corrigés à l'occasion du contrat de support avec ce même ministère sont également reversés à la communauté (j'y veille ;-) . Les entreprises StarXpert, Indesko fournissent également du temps développeurs. Quelques entreprises comme l'ACMS ont fait un don au projet. Pour d'autres pays comme la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud, les gouvernements et entreprises privées sont beaucoup plus présents et financent des développeurs.
Bien qu'il y ait certainement des entreprises qui payent des développements pour améliorer directement OpenOffice, peu sont reversés au projet. Ce n'est pas simplement par mercantilisme, mais pour plusieurs raisons :
- nos projets sont parfois difficiles à atteindre, pas évident de savoir à qui s'adresser, comment committer, etc.
- savoir entretenir des communautés de développement pour pérenniser le produit sur lequel on construit son service est un concept récent
- prendre le temps de faire un développement accepté par les projets et pas un simple patch montre aussi le qualitatif du service rendu, cette notion n'est pas encore entrée comme une valeur ajoutée possible à la société de service

À mon sens, c'est un nouvel équilibre à réaliser, un écosystème qui n'a pas encore tout a fait trouvé sa place car peu habitué à communiquer dans cette synergie.
Il existe également une boutique de produits dérivés (CD, T-Shirt, Pin's, livre, etc.) mais l'argent drainé par ce biais nous aide peu même si nous sommes fiers de ce que nous avons pu financer ;-). La boutique fait partie d'une association de loi 1901 que j'ai mise en place (Cusoon). Les droits d'auteurs du livre OOo Efficace et le produit de la boutique sont reversés à cette association pour financer du développement et le marketing de OOo francophone. Nous avons financé le port Mac avec du matériel et le développement de la base intégrée à OOo, HSQLDB, c'est donc extrêmement peu par rapport aux besoins du projet.

Tristan Nitot : Mozilla Europe — La notion de "modèle économique" est paradoxale pour nous, dans la mesure où Mozilla Foundation, qui abrite le projet Mozilla, est une entité à but non-lucratif. Pour nous, l'argent est un outil, un moyen, mais pas un but. Cela dit, l'argent est nécessaire pour faire vivre le projet.
Initialement, le financement provenait principalement des dons et de la vente de produits dérivés (les T-shirts et autres casquettes sur le Mozilla Store, store.mozilla.org). Ensuite, plusieurs acteurs du Web, dont on avait intégré les services dans Firefox compte tenu de leur utilité, nous ont approchés en proposant une rémunération. Nous avons accepté cette rémunération d'autant plus facilement qu'ils s'agissait de services que nous avions déjà sélectionné pour leur qualité. Afin de payer les impôts sur cette source de revenu, et compte tenu du fait que Mozilla Foundation n'est pas soumise à l'impôt sur les sociétés, nous avons créé Mozilla Corporation, une filiale à 100% de Mozilla Foundation. La principale qualité de Mozilla Corp. est justement de s'acquitter de l'impôt sur les sociétés.
L'argent ainsi récolté est utilisé par Mozilla Corporation pour embaucher des développeurs en complément des contributeurs bénévoles. Ainsi, Mozilla Corp. dispose d'une centaine d'employés à temps plein dans le monde.

Il faut noter que des entreprises, dont IBM, Red Hat, Novell et d'autres donnent du "temps d'ingénieur" au projet Mozilla. Ainsi, certains contributeurs au projet Mozilla, sont rémunérés par des entreprises autres que Mozilla. Ils viennent en complément des bénévoles, qui sont très nombreux. Par exemple, IBM souhaite disposer d'un navigateur disponible sur toutes les plates-formes (Linux, Windows et Mac OS X) et implémentant les dernières technologies XML. Firefox est le navigateur qui répond le mieux à leurs attentes de ce point de vue là. Mais IBM, pour ses grands clients, a besoin de la technologie XForms, laquelle n'est pas disponible en standard dans Firefox. Ainsi, IBM a développé une extension qui rajoute le support de XForms à Firefox. De même, certains grands clients d'IBM comme le gouvernement américain exigent que les logiciels déployés soient accessibles. Pour cette raison, IBM est le principal contributeur au projet Mozilla dans le domaine de l'accessibilité.

On observe donc plusieurs modèles économiques autour de Mozilla : les revenus indirects de Mozilla Corporation liés aux partenariats avec des grands sites Web, les revenus liés indirectement aux services vendus par les sociétés comme IBM, ou les revenus pour des sociétés comme Red Hat et Novell, qui commercialisent des services et des distributions Linux.

Enfin, il existe des entreprises locales qui fournissent du service autour de Firefox et de la technologie XUL, qui facturent à leurs clients de l'expertise sur le projet Mozilla, pour développer des extensions, ou implémenter des fonctionnalités manquantes dont tout le monde profite quand ces améliorations sont intégrées dans Firefox et Thunderbird.

Daniel Glazman : Disruptive Innovations — Je viens de parler de notre cible. Pour le moment, nous restons"sponsorisés" pour nos développements libres et nous faisons du consulting/service sur Mozilla pour des grands comptes.

Stefane Fermigier : Nuxeo — Nous avons choisi un modèle d'éditeur de logiciels libres, plutôt que société de service spécialiste de tout, car c'est un domaine où on privilégie le long terme, aussi bien en termes technologiques qu'en termes humains. Un logiciel d'entreprise est fait pour être utilisé 5, 10, voire 15 ans dans certains cas, et doit être développé avec beaucoup d'amour pour le travail bien fait, en investissant sur la qualité logicielle, par exemple en écrivant énormément de tests en même temps que l'on développe le logiciel. Pour les développeurs, c'est aussi plus satisfaisant de travailler sur la durée, d'avoir une perspective sur le long terme plutôt que d'être trimballés de projets en projets. Travailler dans la durée, c'est aussi indispensable si on veut (et c'est un enjeu majeur) développer une communauté de contributeurs, car cela demande là-aussi beaucoup d'investissement personnel et humain.

Pour décrire plus spécifiquement notre modèle d'éditeur de logiciel libre :

  • Nous développons un logiciel, au sens où nous fournissons le plus gros des forces de développement, où nous en coordonnons la roadmap (en fonction aussi des priorités des autres contributeurs et des clients), et nous le packageons après lui avoir fait subir de nombreux tests d'assurance qualité. Le résultat est publiquement disponible et librement utilisable ;
  • Ce que nous vendons, ce sont des services, au forfait ou sous forme de souscriptions. La souscription vise principalement à sécuriser les projets qui utilisent notre plateforme, et est vendue soit aux intégrateurs, soit aux éditeurs de solutions verticales qui choisissent notre plateforme comme socle de leurs propres logiciels, soit aux clients finaux : dans ce dernier cas, nos prestations s'apparentent beaucoup à de la maintenance logicielle. Le forfait vise à développer des fonctionnalités qui ne sont pas dans le logiciel, et qui très souvent sont ultérieurement intégrées dans celui-ci.

Le choix de ce modèle spécifique est issu de notre expérience, notamment du travail avec les intégrateurs, acquise lors de la réalisation de plusieurs dizaines de projets différents, et rencontre un très bon écho auprès aussi bien des partenaires que des clients.

AFUL — Votre modèle économique est il plus fiable et/ou plus viable qu'un modèle économique axé sur le logiciel propriétaire ?

Sophie Gautier : OpenOffice — Le logiciel propriétaire base son modèle sur le coût de la licence, qui n'inclut aucunement le service au contraire du logiciel libre qui base son modèle sur le service. Baser son modèle sur le service, c'est redonner du sens à l'utilisateur, à travers la formation, le développement, c'est lui permettre d'acquérir une valeur ajoutée par l'utilisation d'un logiciel.
Les utilisateurs pensent acheter une garantie de bon fonctionnement en payant une licence. Ce qui est faux, même les logiciels propriétaires mettent une réserve à ce niveau dans leur licence. C'est cette confusion qu'il faut dénoncer et que l'argent immobilisé dans une licence participe à nouveau à cette économie de services qui est effectivement porteuse d'emplois, de créativité et d'échanges entre les différentes parties que représentent le projet de développement, la société de service et l'utilisateur. Il ne faut pas le nier, il y a toute une économie qui ne demande qu'à exploser autour d'OpenOffice.

Tristan Nitot : Mozilla Europe — Pas nécessairement. Nous pensons qu'une approche Libre est bien plus efficace pour atteindre notre objectif, qui vise à promouvoir le choix et l'innovation sur Internet, dans la mesure où il est possible pour d'autres projets, qu'ils soient commerciaux ou non, de reprendre notre code source pour faire des produits, des navigateurs, qui permettent de toucher d'autres catégories d'utilisateurs. Cela ne serait pas possible dans un modèle propriétaire. Encore une fois, la problématique du projet Mozilla est très spécifique, dans la mesure où nous sommes avant tout au service du public, et pas d'actionnaires (nous n'en n'avons pas). J'ignore dans quelle mesure notre approche est généralisable à l'ensemble du marché.

Daniel Glazman : Disruptive Innovations — Chaque modèle a ses propres difficultés.

Stefane Fermigier : Nuxeo — Tout éditeur de logiciel d'entreprise, libre ou pas libre, se doit de ne pas proposer seulement un produit, mais aussi toute une gamme de prestations et de produits complémentaires qui accompagnent le produit et sont indispensables à son déploiement et son exploitation en entreprise : formation, support, expertise de haut niveau, maintenance, documentation, extensions, etc. Sans ces services et produits complémentaires, qui peuvent être proposés directement par l'éditeur ou dans certains cas par des partenaires, le produit en lui-même n'a aucune chance de s'imposer.

Je pense donc que le modèle économique que nous avons choisi est particulièrement adapté au secteur que nous avons choisi, qui se situe entre logiciel d'infrastructure (système d'exploitation, serveur d'application ou middleware) et logiciel applicatif. D'autres modèles pourraient s'avérer plus pertinents dans d'autres secteurs (par exemple les logiciels grand public) : il s'agit d'un débat qui doit être mené avec pragmatisme, au cas par cas.

Le principal avantage pour le client de notre modèle est un coût moins élevé que pour les solutions propriétaires équivalentes. Mais ce n'est pas le seul : puisque nous vendons du service, nous sommes obligés de livrer une prestation de qualité. Mais comme ce service est adossé à un produit, nous sommes également obligés de fournir un produit de qualité, sous peine de faire exploser nos coût si le nombre d'anomalies s'avérait excessif. En résumant et en simplifiant à peine, on peut dire que le travail d'un éditeur propriétaire se termine quand il a signé son contrat, alors que le nôtre commence à peine.

L'avantage pour un intégrateur dans le cadre de projets au forfait est qu'il sécurise ces projets, moyennant un coût fixe.

L'avantage pour un éditeur de solutions verticales (ISV) est qu'il n'a pas de royalties à payer sur les logiciels qu'il vend lui-même, et qu'il reste libre du choix de son modèle économique, puisqu'il est parfaitement possible d'utiliser nos composants à l'intérieur d'un logiciel propriétaire.

AFUL — Vos produits/services sont-ils compatibles avec les logiciels propriétaires et plus généralement votre modèle économique est-il compatible avec les pratiques propriétaires ?

Sophie Gautier : OpenOffice — Il n'y a pas d'incompatibilité, il y a du choix. Mais cette question s'éloigne du projet dans lequel je suis puisqu'il ne propose pas de services. Mon propos, en dehors du projet OOo, serait de faire en sorte que le modèle économique autour du logiciel libre soit plus équilibré et que les sociétés de services, qui vendent ces services sur nos produits, reversent réellement leurs développements aux projets de logiciels libres. Ce qui est rarement le cas aujourd'hui.

Tristan Nitot : Mozilla Europe — Oui, notre modèle est tout à fait compatible avec l'approche propriétaire. Par exemple, il existe des extensions propriétaires pour Firefox. Par ailleurs, certains projets de logiciels propriétaires (je pense pas exemple à Joost) s'appuyent sur la technologie Mozilla. C'est rendu possible par le fait que notre code est sous triple license GPL/LGPL/MPL.

Par ailleurs, Firefox et Thunderbird fonctionnent sur des plates-formes propriétaires comme Windows et Mac OS X, en plus de Linux. Pour nous qui devons toucher le plus grand nombre d'utilisateurs de PC, c'est une évidence.

Daniel Glazman : Disruptive Innovations — Nous travaillons sur la base des standards du Web, point. Si un logiciel propriétaire est conforme aux standards, nous intéropérons avec lui.
Oui, je pense que notre modèle économique est compatible avec le logiciel propriétaire. Nous ne sommes nullement des fanatiques du Libre, nous aimons cela c'est tout. Mais il ne faut pas oublier que le Libre existe grâce au logiciel propriétaire qui dans la plupart des cas paye durant la journée les geeks qui codent du Libre le soir...

Stefane Fermigier : Nuxeo — Nous avons toujours privilégié une approche pragmatique, et nous ne cherchons notamment pas à mener plus d'une bataille à la fois :

  • Nos logiciels peuvent fonctionner sur tout système d'exploitation (Linux, Unix, Mac OS, Windows) grâce à l'utilisation de Java comme plateforme de déploiement. À ce sujet notre équipe de développement est elle-même multiplateformes, puisque nous avons des développeurs qui utilisent Linux (toutes distributions), d'autres Windows, et d'autres encore Mac OS.
  • Il est également très important lorsqu'on fait des logiciels d'entreprise de savoir s'intégrer dans un système d'information existant, quel qu'il soit. C'est ce que nous faisons, notamment en sachant utiliser aussi bien OpenLDAP qu'ActiveDirectory pour l'authentification des utilisateurs, différentes bases de données pour le stockage, ou encore en ouvrant nos API aux web services.
  • Puisque nous travaillons dans le domaine de la gestion de documents, il est important pour nous de ne pas imposer l'utilisation d'une suite bureautique particulière pour les utilisateurs : nous proposons des plugins aussi bien pour MS-Office que pour OpenOffice.org. De même, nous fournissons des extensions pour améliorer l'utilisation de la partie web de notre application (notamment le drag'n'drop depuis le bureau vers l'application documentaire) aussi bien pour Firefox que pour Internet Explorer.
  • Enfin, nos composants sont sous licence LGPL ce qui permet aux éditeurs de solutions verticales de les intégrer dans leurs produits sans contraintes sur leur modèle économique.