Le nouveau projet de loi sur le
renseignement en cours d'étude par le Parlement français menace les
fondements sur lesquels l'AFUL s'est formée : Liberté, Pérennité,
Interopérabilité.
La liberté est sans doute le point fondamental car ce texte se propose de
réduire l'exercice des libertés, par la négation du droit à la vie privée des
internautes, en permettant une capture systématique et automatisée
d'informations sur leur activité sur l'Internet.
Ainsi ce projet de loi indique que :
« L’article L. 811-1 garantit le respect de la vie privée, notamment de ses
composantes que sont le secret des correspondances et l’inviolabilité du
domicile, en prévoyant qu’il ne peut y être porté atteinte que dans les seuls
cas de nécessité d’intérêt public prévus par la loi, dans le respect du
principe de proportionnalité. »
Mais il indique aussi plus bas que :
« L’article L. 811-3 liste de manière limitative les motifs d’intérêt
public pour lesquels peut être autorisé le recueil de renseignements par des
techniques spéciales prévues par la loi. Ces motifs, strictement définis,
concernent en particulier la sécurité nationale, les intérêts essentiels de la
politique étrangère, les intérêts économiques ou scientifiques essentiels, la
prévention du terrorisme, la prévention de la reconstitution ou du maintien de
groupement dissous, la prévention de la criminalité organisée et la prévention
des violences collectives pouvant porter gravement atteinte à la paix
publique. »
L'impact sur l'économie numérique en France est conséquent, ainsi que le
souligne la pétition Ni pigeons,
ni espions dont l'AFUL est signataire aux côtés de près de 800 autres
sociétés, associations, hébergeurs, ...
La pérennité autour des services en ligne libres et
loyaux dont l'AFUL assure la défense est également remise en cause.
En effet, les statuts de l'AFUL stipulent :
« Sont considérés comme loyaux les services en ligne qui permettent à leurs
utilisateurs la garantie du secret absolu et la protection de leurs données, y
compris sous forme anonymisée. La fourniture à un tiers de données relatives à
l’usage du service ne peut se faire sans un accord préalable explicite de
l’utilisateur, au cas par cas. »
Or des articles du projet de loi contreviennent à la notion de service en ligne
libre et loyal :
L'article L. 851-4. prévoit que « Pour les seuls besoins de la prévention
du terrorisme, sur demande des agents individuellement désignés et dûment
habilités des services spécialisés de renseignement, mentionnés à l’article 6
nonies de l’ordonnance n° 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au
fonctionnement des assemblées parlementaires, le Premier ministre, ou l’une des
personnes déléguées par lui, peut, après avis de la Commission nationale de
contrôle des techniques de renseignement, imposer aux opérateurs et personnes
mentionnés à l’article L. 851-1 la mise en œuvre sur les informations et
documents traités par leurs réseaux d’un dispositif destiné à révéler, sur la
seule base de traitements automatisés d’éléments anonymes, une menace
terroriste. »
Si il apparaît légitime de lutter contre les violences du terrorisme, la
notion même de ce terme et le pouvoir de décider qui entre sous cette
qualification reste encore très largement à définir.
L'impact sur la confiance des utilisateurs de l'Internet dans les services
proposés par leurs fournisseurs est conséquent, ainsi que le souligne la
pétition
Retirez le projet de Loi Renseignement : c'est un Big Brother français dont
l'AFUL est signataire aux côtés de plus de 117 000 autres utilisateurs de
l'Internet en France.
C'est également ce qui a conduit l'AFUL à signer une cyberaction non
à la surveillance généralisée ! en soutien à Amnesty International
France, La Quadrature du Net, le syndicat des avocats de France et le syndicat
de la magistrature, entre autres signataires.
Nous incitons les membres de l'AFUL à également signer ces deux dernières
pétitions et à contacter leurs députés et sénateurs pour leur demander de se
renseigner sur le caractère néfaste de cette loi en leur faisant lire les
textes des pétitions sus-citées, les sites et les articles suivants :
L'AFUL est favorable à une utilisation éclairée de l'Internet et des
logiciels libres pour l'épanouissement de ses utilisateurs. Ceux qui
l'utiliseraient à des fins aujourd'hui répréhensibles par la loi sont déjà
potentiellement soumis à des écoutes, suite à une autorisation délivrée par un
juge judiciaire lors d'une demande effectuée par les autorités. L'AFUL soutient
bien évidement le travail des autorités qui permettent la protection des
citoyens dans le respect du principe du contradictoire.
La nouvelle loi proposée par le gouvernement français et discutée ici
n'assurerait pas de sécurité supplémentaire aux citoyens français par rapport à
celles existantes, mais elle les soumettrait potentiellement à une surveillance
généralisée de nature à restreindre fortement leurs capacités en matière de
droit à la vie privée. Ceci concerne chacun des membres français de l'AFUL
individuels autant que les sociétés adhérentes.
Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels
Libres, l'AFUL a pour principal objectif de promouvoir les logiciels
libres ainsi que l'utilisation des standards ouverts. Ses membres,
utilisateurs, professionnels du logiciel libre, entreprises ainsi que d'autres
associations, sont issus d'une dizaine de pays ou de régions francophones
(France, Belgique, Suisse, Afrique francophone, Québec).
Interlocuteur de nombreux médias, l'AFUL est présente sur nombre
de salons, conférences et rencontres. Elle agit notamment activement contre la
vente liée (site Non aux
Racketiciels, comparatif bons-vendeurs-ordinateurs.info et
bons-constructeurs-ordinateurs.info),
pour l'interopérabilité (membre de l'AFNOR, participation
aux référentiels d'interopérabilité et d'accessibilité de la DGME, site
formats-ouverts.org, etc.),
intervient sur les problématiques du droit d'auteur ainsi que pour la promotion
de l'utilisation de logiciels et ressources pédagogiques libres pour
l'éducation entendue au sens large.
Contacts presse :