Mercredi 25 février, le collectif de
citoyen La Quadrature du
Net a lancé un appel au black-out de sites Web afin de protester
contre le projet de loi français Création et Internet.
Ce projet de loi, de son nom réel Loi favorisant la diffusion et la
protection de la création sur Internet, sous couvert de protéger les
droits des œuvres payantes, se veut être l'arme ultime contre le
téléchargement illégal en proposant la création d'une Haute autorité pour la
diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet chargée
d'ordonner à la demande des titulaires de droits sur les œuvres et
objets protégés, de leurs ayants droit, des sociétés de perception et de
répartition des droits [...] ou des organismes de défense professionnelle
[...], toutes mesures propres à prévenir ou à faire cesser une telle atteinte à
un droit d’auteur ou un droit voisin
en lieu et en place d'une
autorité judiciaire ;
Plusieurs dispositions et méthodologies prévues dans ce projet loi
inquiètent l'AFUL pour ce qui concerne les logiciels libres :
- L'obligation pour les internautes de protéger leur connexion Internet à
l'aide de moyens agréés par la haute autorité, afin
de prévenir les téléchargements illégaux. Quelle place pour les logiciels et
systèmes d'exploitations libres ? Rien dans le texte de loi ne permet de
rassurer les utilisateurs français de systèmes d'exploitation libre quant à
la disponibilité de ces moyens sur leur plateforme. Comment vont faire les
576 députés (un seul étant revenu à Windows™) utilisant un système
d'exploitation libre ?
- L'injonction, par la haute autorité, à un propriétaire de connexion
Internet d'installer un logiciel de sécurisation contre le téléchargement
illégal. Quelle place pour les logiciels et systèmes d'exploitations libres ?
Rien dans le texte de loi ne permet de rassurer les utilisateurs français de
systèmes d'exploitation libre quant à la disponibilité de ces moyens sur leur
plateforme.
- La mission d'encouragement de l'offre légale, assignée à la haute
autorité, ne prévoit aucunement la mise en valeur et la diffusion des
contenus et œuvres sous licences libres ;
et plus généralement :
- Donner carte blanche aux ayants droit et aux sociétés de perception pour
surveiller les activités des internautes français afin de repérer les
contrefacteurs. Ceci est une grave atteinte à la vie privée et au secret de
la correspondance, chers à l'AFUL ;
- Rien dans le projet de loi n'indique que les ayants droit et sociétés de
perception, portant à la connaissance de la haute autorité un acte illégal
d'un internaute, doivent prouver ou motiver la réalité de l'illégalité de
l'acte. Ceci est d'autant plus inquiétant que nulle technique de filtrage ne
permet de détecter les infractions sans donner nécessairement une proportion
substantielle de faux positifs, alors qu'il n'est prévu aucune possibilité
pour les personnes concernées de contester les infractions qui leur sont
reprochées.
Au vu des dangers pour les utilisateurs de logiciels libres, et pour les
libertés des citoyens en général, le frein qu'une telle loi peut avoir sur la
dynamique positive de ces dernières années vers une meilleure interopérabilité,
et le risque que les gouvernements des autres pays, notamment francophones,
s'alignent sur la position de la France sur cette question, l'AFUL soutient
l'appel de La Quadrature du
Net.