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Le point sur le remboursement des logiciels imposés
La vente liée attire l'attention des politiques, avec des déclarations remarquées cet été et cet automne. Noël arrive : pour le consommateur, l'information, le choix ou le remboursement ne sont pas au rendez-vous. L'équipe Accompagnement du groupe de travail Racketiciels de l'AFUL dresse un état des lieux du remboursement des logiciels imposés à partir de ses informations de première main.
Paris, le 17 décembre 2008 AccompagnementAu vu des difficultés de remboursement détaillées ci-dessous, de nombreux particuliers s'appuient sur le guide du remboursement [1] et tentent de se faire rembourser par la voie judiciaire, comme nous l'annoncions en février dernier [2]. Les candidats au remboursement qui choisissent de suivre le guide peuvent se faire accompagner et conseiller par une équipe de bénévoles de l'AFUL [3] dès les premières étapes de leur procédure. L'une de ces étapes est une tentative de conciliation [4], en collaboration avec une association de consommateurs, comme par exemple la CLCV ou l'UFC-Que-Choisir. Les candidats sont ainsi fortement aidés par les antennes locales des associations de consommateurs [5] : elles passent en revue le dossier du candidat et n'hésitent pas à écrire directement au constructeur. L'objectif de cette étape de conciliation est de réussir à obtenir un remboursement décent sans devoir passer par l'étape du tribunal [6]. Avant les achats de Noël, il nous apparaît important de dresser un état des lieux afin d'informer les futurs clients, et peut-être futurs candidats au remboursement, des informations disponibles aux consommateurs ainsi que des procédures des différents constructeurs. À cette occasion, l'AFUL ouvre un site [7] qui résume la plupart des informations ci-dessous, et qui sera mis à jour régulièrement pour refléter leur évolution. Darty, la Fnac et Carrefour informent, mais ne s'engagent pasContraint par un jugement du Tribunal de Grande Instance de
Paris [8] [9] à l'affichage séparé des prix des éléments du
lot que représentent d'un côté la machine, de l'autre les logiciels, Darty a
rajouté sur les notices des ordinateurs la mention très visible
Depuis quelques jours, Carrefour affiche dans ses rayons une mention assez visible renvoyant aux constructeurs [11] mais ne donne aucun détail ni n'informe sur son site. Enfin, à son tour, la Fnac commence, de manière très discrète et un peu sibylline [12], à informer les consommateurs en magasin. C'est plus clair sur son site web avec une page dédiée [13]. Cette dernière contient des informations qu'on ne retrouve pas sur la page de Darty (l'inverse aussi est vrai !), par exemple un lien vers la procédure de Fujitsu-Siemens [14]. Le silence des autres revendeurs, la désinformation chez BUTÀ ce jour, à notre connaissance, aucune autre grande enseigne n'a pris le
soin d'assurer ce minimum d'information des consommateurs. Y a-t-il lieu de
s'en étonner quand on sait que BUT a pu continuer jusqu'à maintenant à
désinformer ses clients malgré le signalement de ses pratiques à la
DGCCRF ? Ses publicités annoncent Malgré le contrat de licence, encore des refusUne fois l'ordinateur allumé, le client qui n'a que faire du Microsoft
Windows™ préinstallé va refuser le contrat de licence de ce logiciel
(CLUF), lequel prévoit alors en toutes lettres un remboursement. Mais notre
client va devoir s'armer de courage et de patience. Après avoir commencé par
débourser sous forme de courrier ou d'appel téléphonique à un numéro spécial
pour connaître les conditions du remboursement, il a de grandes chances de se
heurter à un refus pur et simple. Toshiba, PackardBell, Acer, ou comment décourager toute demandeSous la pression, des marques comme Toshiba et PackardBell ont abandonné leur position de refus catégorique pour proposer un remboursement, mais à des conditions dont le but est de décourager les candidats. Elles exigent en effet du client qu'il renvoie la machine (à ses frais !), vierge de toute utilisation, en vue d'une désinstallation de Microsoft Windows™. Cette condition est inacceptable pour le client et complètement irréaliste : comment peut-on demander du propriétaire qu'il renonce à l'usage de sa machine ? Quid de ceux que leur situation met dans l'urgence d'utiliser leur machine immédiatement ? Est-il réaliste d'imaginer faire attendre plusieurs jours quelqu'un pour utiliser l'ordinateur reçu en cadeau pour Noël ? Acer, dont la procédure a été jugée [18] abusive au sens de l'article L132-1 du code de la consommation [19], a cru s'amender en prenant en charge la totalité du transport de l'ordinateur. Cette marque aurait-elle oublié que le transport n'est pas sans danger de perte ou de dommage ? [20] Des exceptions : Fujitsu-Siemens, AsusFujitsu-Siemens, dès l'origine, a opté pour une attitude correcte de remboursement sous simple condition de renvoi des autocollants de certification et d'engagement de ne pas garder copie des logiciels. Précaution sans doute inutile vu la surveillance qui s'exerce à travers Internet et, par exemple, les protections internes à Microsoft Windows Vista™. On ne peut que regretter l'absence d'information sur le site de cette marque, ce qui ne lui est d'ailleurs pas propre. Asus, longtemps champion de la procédure dissuasive présentée ci-dessus, vient de jeter l'éponge : ce constructeur accorde désormais le remboursement sans exiger le retour du matériel en ses ateliers en vue d'une désinstallation, retour pourtant annoncé, naguère encore, comme incontournable [10]. Dell : un cas incompréhensibleDell est un cas à part. Voilà quelque années, cette marque entendait soumettre tout remboursement de Microsoft Windows™ à des frais de désinstallation modiques de 700 euros ! Aujourd'hui, elle alterne les positions sans réelle cohérence. Alors même que son activité basée sur Internet prédisposerait ce constructeur à être le champion de l'optionnalité des logiciels [21], il l'accorde aux professionnels mais la refuse toujours aux particuliers, annonçant dans ses Conditions Générales de Vente que toute demande de remboursement partiel (comprenez : des logiciels seuls) est impossible [22]. Dans le même temps, il accorde un remboursement amiable pour un montant de 180 euros [23]. Toujours la question du montantMis à part le cas exceptionnel cité à l'instant, et quoi qu'il en soit des conditions de remboursement, le point commun des procédures demeure l'insuffisance des montants proposés : de 30 à 60 euros selon les constructeurs pour les versions bas de gamme de Windows Vista™, et de 60 à 100 euros pour les plus gourmandes. Toutes les informations concordent pour dire que les chiffres annoncés par les constructeurs correspondent pour eux au prix de revient (hors taxe) des licences Microsoft Windows™. On est donc loin de la somme effectivement payée par le client, une fois ajoutées les différentes marges bénéficiaires ainsi que la TVA ! Le remboursement : bilanEn somme, à l'approche de Noël, en magasin, toujours pas de remboursement et peu d'information. Sauf chez Darty et dans une moindre mesure la Fnac et Carrefour. Côté constructeurs, le consommateur ne sait à quoi s'attendre : mis à part Fujitsu-Siemens, et maintenant Asus, tous s'opposent à un remboursement, ou alors s'ingénient à décourager les demandes. Enfin, les montants de remboursement ne sont pas à la hauteur : la volonté manque [24] aux constructeurs pour se garder de profiter de la situation Références
À propos de l'AFUL (www.aful.org)Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres, l'AFUL a pour principal objectif de promouvoir les logiciels libres ainsi que l'utilisation des standards ouverts. Ses membres, utilisateurs, professionnels du logiciel libre, entreprises ainsi que d'autres associations, sont issus d'une dizaine de pays ou de régions francophones (France, Belgique, Suisse, Afrique francophone, Québec). Interlocuteur de nombreux médias, l'AFUL est présente sur nombre de salons, conférences et rencontres. Elle agit notamment activement contre la vente liée (site Non aux Racketiciels, comparatif bons-vendeurs-ordinateurs.info et bons-constructeurs-ordinateurs.info), pour l'interopérabilité (membre de l'AFNOR, participation aux référentiels d'interopérabilité et d'accessibilité de la DGME, site formats-ouverts.org, etc.), intervient sur les problématiques du droit d'auteur ainsi que pour la promotion de l'utilisation de logiciels et ressources pédagogiques libres au sein de l'Éducation nationale. Contacts presse :
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