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Normalisation de MS-OOXML/ECMA 376 à l'ISO : recul de l'interopérabilité
L'AFUL déplore l'acceptation du format MS-OOXML (ECMA 376) comme norme internationale ISO et s'inquiète des conséquences que celle-ci pourrait avoir sur la crédibilité des instances de normalisation et la signification du statut de norme.
Paris, le 2 avril 2008 L'AFUL, membre de la commission de normalisation des formats de documents révisables à l'AFNOR [1], déplore l'acceptation du format MS-OOXML (ECMA 376) comme norme internationale ISO à l'issue de la procédure accélérée (Fast Track) DIS 29500 [2].
Ce résultat est préoccupant puisqu'il y a désormais deux normes ISO concurrentes : la première norme ISO pour les formats bureautiques a été l'ODF (Open Document Format) ISO 26300 [3], soutenue par la majorité des acteurs du secteur (notamment OpenOffice.org, KOffice, Google, IBM, Oracle, Corel et les administrations des différents pays), à l'exception notable de Microsoft. La société de Redmond a en effet toujours refusé d'implémenter ce format dans ses produits, ce qui aurait pourtant été la manière d'offrir une véritable interopérabilité aux utilisateurs, qui auraient alors pu utiliser les applications de leur choix pour traiter leurs documents. À présent que son propre format de document porte également le Par delà le résultat en lui-même, le processus qui y a mené pose un certain nombre de problèmes graves. Ces problèmes viennent pour une partie du caractère accéléré de la procédure qui, comme cela était prévisible, s'est avérée totalement inadaptée pour traiter 6000 pages de spécifications techniques, particulièrement lorsque ces spécifications ont été conçues dans un esprit à l'opposé de celui de la normalisation : la lecture du standard ECMA 376 révèle sans ambiguïté qu'il a été rédigé dans l'optique étroite de la ligne de produits d'un éditeur particulier, contredisant aussi bien les normes ISO que d'autres standards internationaux comme ceux du W3C. Il n'est donc pas surprenant que le volume des commentaires remontés par les pays membres ait été trop important pour être traité par l'ECMA ; mais il est fort regrettable que l'ECMA ait voulu donner une impression contraire en indiquant un pourcentage de 100 % de réponses alors que certaines de ces réponses n'étaient en réalité qu'une copie des questions posées. À cela s'ajoutent des problèmes plus graves, car moins immédiatement visibles, de contradiction entre certaines des propositions de modification du texte. La réunion de résolution du vote (Ballot Resolution Meeting), conçue pour traiter des problèmes mineurs et bien délimités, a dû être réorganisée de façon inédite : les traitements par lot des problèmes et les acceptations automatiques ont permis d'obtenir des chiffres optimistes, mais en rien de résoudre les problèmes posés par le texte initial ou par les propositions de modification de l'ECMA ; et encore moins d'arriver à une proposition cohérente de texte final. Les spécifications qui ont été aujourd'hui approuvées reposent sur un texte dont des pans entiers doivent être réécrits - une première dans l'histoire de la normalisation - et qui n'apporte pas les garanties en termes de qualité, de neutralité et de sécurité juridique que l'on attend d'une norme ISO : un tel écart ne peut qu'entamer la confiance accordée à ce qui est considéré aujourd'hui comme le plus haut niveau de normalisation. Enfin, on ne peut ignorer les nombreux incidents qui ont affecté la sérénité des travaux des organismes nationaux de normalisation dans le traitement de ce dossier : cela avait été notamment visible en Suède à l'occasion du vote de septembre 2007, mais les problèmes de ce type semblent s'être multipliés pour le vote final. Dans ce contexte tendu, il serait souhaitable que le retournement tardif et soudain du vote français soit expliqué avec la plus grande transparence.
Références
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