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Les brevets superflus en matière de logiciels -- Deux ingénieurs des mines publient un rapport économique sur la brevetabilité des logiciels
Youenn Dupuis et Olivier Tardieu, deux
ingénieurs des mines, ont achevé en septembre 2001 un rapport sur la brevetabilité des logiciels que nous avons été autorisés à diffuser largement. Ce rapport, comme toutes les autres études économiques scientifiques publiées depuis 10 ans, démontre le caractère superflu voire néfaste du brevet logiciel. Les brevets superflus en matière de logiciels --Deux ingénieurs des mines publient un rapport économique sur la brevetabilité des logicielsParis, le 29 novembre 2001 - Youenn Dupuis et Olivier Tardieu, deux ingénieurs des mines, ont achevé en septembre 2001 un rapport sur la brevetabilité des logiciels que nous avons été autorisés à diffuser largement. Ce rapport, comme toutes les autres études économiques scientifiques publiées depuis 10 ans, démontre le caractère superflu voire néfaste du brevet logiciel. Afin de nourrir le débat économique d'arguments scientifiques, l'AFUL demande au premier ministre de publier ce rapport sur son site Web ainsi que les rapports de septembre 2000 du conseil général des mines et le rapport de novembre 2001 du ministère allemand de l'économie. Le rapport de Dupuis et Tardieu comporte en effet des éléments d'analyse économique nouveaux, une analyse originale du fonctionnement des offices des brevets et une analyse d'opportunité politique. L'analyse économique montre le caractère superflu du brevet logiciel. L'analyse du fonctionnement des offices des brevets démontre l'impossibilité pratique à moyen terme d'une régulation des effets néfastes du brevet logiciel. Les deux ingénieurs démontrent alors que la décision en matière de brevet logiciel en France est avant tout politique et laissent entendre que les conseillers du gouvernement ont déjà pris implicitement position pour une extension du brevet au logiciel. L'AFUL s'étonne que ce rapport ne soit pas diffusé sur le site de la Direction Générale de l'Industrie, des Technologies de l'Information et des Postes (DIGITIP) du Secrétariat d'Etat à l'Industrie. L'AFUL s'étonne également que le rapport de septembre 2000 du conseil général des mines et le rapport de novembre 2001 du ministère allemand de l'économie ne soient pas non plus diffusés alors qu'ils démontrent l'un comme l'autre que les principaux effets du brevet dans l'économie du logiciel sont de renforcer les concentrations financières au détriment de l'innovation, de la concurrence et des PME. L'AFUL s'interroge sur les motivations qui justifient pour la DIGITIP une absence de prise en compte du point de vue des PME ou des travaux scientifiques d'économistes sur son site alors que le point de vue des offices de brevets et des directions juridiques de grandes entreprises y est sur-représenté. C'est dans ce contexte que l'AFUL demande au premier ministre de prendre enfin une position politique claire : pour un brevet logiciel dont on sait qu'il favorisera l'explosion de contentieux superflus et la constitution d'oligopoles contrôlant la société de l'information ou pour un refus du brevet logiciel afin de protéger l'innovation, la concurrence et les libertés dans la société de l'information. Références Rapport Dupuis / Tardieu - http://www.aful.org/brevets/memoire.pdf Site du secrétariat à l'industrie consacré au brevet logiciel - http://www.industrie.gouv.fr/observat/innov/carrefour/sompi.htm Rapport remis en juillet 2001 au ministère allemand de l'économie et publié en novembre 2001 - http://www.bmwi.de/Homepage/download/technologie/Softwarepatentstudie.pdf Document de travail produit en août 2000 par le conseil général des mines - http://www.pro-innovation.org http://www.cgm.org/rapports/brevet.pdf Avis du conseil général des mines - http://www.industrie.gouv.fr/observat/innov/carrefour/cgmcgti.htm http://www.industrie.gouv.fr/observat/innov/carrefour/cgmcgti2.htm Documents Annexes de l'Avis de l'Académie des Technologies comportant - http://www.industrie.gouv.fr/observat/innov/carrefour/rapportdefinitif.pdf Analyse détaillée du rapport Dupuis / Tardieu Du point de vue économique, les deux ingénieurs des mines concluent que "l'innovation dans le secteur du logiciel ne dépend pas de manière cruciale de l'existence d'un système de brevets" (p. 48) et que "les brevets seraient donc superflus en matière de logiciels." (p. 48). Ils rappellent en outre les effets négatifs du brevet en général : "effet de course, préemption des innovations futures, ou encore possibilité de hold-up en raison des imperfections des marchés." (p. 51). Ils rappellent enfin que "pour C. Shapiro et H. Varian, les droits de propriété intellectuelle ne sont pas primordiaux dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Les entreprises doivent concentrer leurs efforts sur la pénétration rapide de nouveaux marchés et l'offre de produits et services complémentaires." (p. 59) En matière d'examen de brevet, ils rappellent "le risque de capture des offices, c'est-à-dire le risque de voir des offices hésitants se laisser dicter leur conduite par des industriels ou des experts - en clair des lobbies - qui défendent des intérêts qui ne sont pas nécessairement ceux de la collectivité" (p 58) en notant judicieusement que "l'office des brevets, aussi bien aux États-Unis qu'en France, est officiellement en charge de la définition de la politique en matière de propriété industrielle." En matière d'opportunité politique, les deux ingénieurs des mines considèrent à propos d'une solution de rejet du brevet logiciel que "la solution de l'exemption de bloc se heurte à des difficultés aussi bien pratiques que juridiques et politiques" (p. 64). Concernant l'approche de brevet court spécifique au logiciel et proposée il y a un an par le conseil général des mines, ils affirment que "sur le plan politique, une unanimité européenne autour de cette proposition semble tout aussi improbable qu'une décision d'exemption." (p. 65) et ajoutent pour mieux l'écarter que "l'idée bien française de créer toujours plus de droit est aux antipodes du souhait des entreprises qui désirent avant tout des règles simples et peu nombreuses." (p. 66) C'est donc semble-t-il par élimination et en fonction de considérations politiques que les deux ingénieurs concluent : "Malgré la controverse sur l'intérêt économique des brevets logiciels, il est trop tard pour décider d'exclure les logiciels du champ de la brevetabilité." (p. 74). Les ingénieurs proposent une réforme qui "consisterait à supprimer le brevet national et à transformer l'Institut national de la propriété industrielle en chambre d'enregistrement des demandes de brevets européens (ou communautaires), en fonds documentaires (gestion des bases de données de brevet, présence régionale) et en prestataire" (p. 67) en notant bien que "de telles mesures, qui nécessiteraient un large consensus et l'intervention du Parlement, ne sauraient être prises dans de brefs délais." (p 67) et que "ceci suppose des moyens financiers, éventuellement sous forme de subvention de l'État," (p68) Ils insistent enfin, comme le faisait il y a un an le conseil général des mines, sur la nécessité d'un "débat sur la doctrine de la technicité adaptée aux logiciels" pour répondre à la question "quels sont les logiciels présentant un effet technique et susceptibles d'application industrielle ?" (p. 72) en notant que "Cette question a été largement négligée jusqu'à aujourd hui." et que "Pour les tenants de la brevetabilité des logiciels, admettre ce débat revenait à reconnaître implicitement l'existence d'une difficulté dans l'application du droit des brevets aux logiciels, ce qu'ils ont longtemps - toujours ? - refusé." Le contenu de ce rapport est inquiétant à plusieurs titres. Sa non publication sur le site du Secrétariat d'Etat à l'Industrie dénote certainement une gêne par rapport à son message économique : les brevets en matière de logiciels sont superflus. Le rapport explique également en termes polis que toute réforme des offices de brevets permettant d'éviter les dérives du brevet logiciel est impossible à moyen terme et fort coûteuse. Quant à l'analyse politique, compte tenu des liens étroits entre les deux auteurs du rapport, les autorités de tutelle chargées du brevet logiciel en France et les conseillers techniques en charge du dossier au sein du gouvernement (voir les remerciements p.7), elle semble signifier que le gouvernement français a abandonné toute velléité de contrecarrer les positions extrêmes de l'Office Européen des Brevets. Cette nouvelle position qui ne dit pas (encore) son nom serait singulièrement en opposition par rapport à la position adoptée il y a un an par le même gouvernement lors de la conférence diplomatique de révision de la convention du brevet européen. A propos de l'AFUL (www.aful.org) L'AFUL, Association Francophone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres, est une association loi 1901 dont le but majeur est la promotion de systèmes d'exploitation libres de types UNIX (comme Linux et les dérivés BSD) et des standards ouverts. Elle regroupe des utilisateurs (professionnels ou particuliers), des sociétés (éditeurs de logiciels ou de documentations, sociétés de services) et d'autres associations qui poursuivent des objectifs similaires. Contact presse : Stéfane Fermigier <sf@fermigier.com> +33-6 63 04 12 77 |
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